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SURVEILLONS LA MANGROVE DE POLYNESIE FRANCAISE ENSEMBLE !

Afin d’associer directement les Français aux actions sur le climat, Nicolas Hulot a lancé, lors de la COP 23, un appel à initiatives citoyennes intitulé « Mon projet pour la planète » permettant à des particuliers et des associations de proposer des projets dans les domaines de l'énergie, de l'économie circulaire et de la biodiversité. Parmi les 44 lauréats, le projet « Surveillons la mangrove de Polynésie française ensemble » de la FAPE a été retenu et bénéficie aujourd'hui d'un financement de l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) pour être mené à bien.

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Contexte du projet

Le sujet des espèces exotiques envahissantes est une problématique particulièrement importante pour les territoires d’Outre-mer, y compris en Polynésie française.

L’espèce de palétuvier Rhizophora stylosa est une espèce introduite (exotique) en Polynésie française. Initialement implantée à Moorea à des fins économiques en 1933, elle s'est depuis largement propagée sur Tahiti, Huahine, Raiatea, Taha'a et Bora Bora. Dans les années 1980, un débat scientifique s’est ouvert car le Service de développement rural (SDR) souhaitait éliminer les mangroves introduites à Moorea, mais le débat n’a jamais été tranché du fait d’un manque de consensus scientifique sur la démarche de gestion à adopter.

 

En effet, dans d'autres territoires d’outre-mer, les mangroves remplissent des fonctions écologiques et rendent des services écosystémiques importants. Elles apportent notamment une protection côtière, permettent de lutter contre l’érosion et jouent un rôle de nurserie pour les poissons coralliensAujourd’hui, le Rhizophora stylosa n’est pas classé au rang des 39 espèces de plantes envahissantes menaçant la biodiversité du Pays, mais sa propagation est surveillée par le CRIOBE.

Ainsi, il est très important pour le territoire de déterminer si les mangroves ont un impact socio-économique positif ou négatif alors qu’elles continuent à s’étendre sur les différentes îles de Polynésie française.​​​ Le projet « Surveillons la mangrove de Polynésie française ensemble » permettra d’exercer une veille et de répondre partiellement à ces questions pour aider les décideurs à adopter une démarche de décision éclairée pour le bien-être des populations des îles (bénéfices socio-économiques et écologiques).

Afin de déterminer si l'on assiste ou non à un remplacement des écosystèmes littoraux naturels (submangroves) par de la mangrove, l’Université de Nantes a conduit une étude d’analyse spatiale réalisée par Florent Taureau, spécialiste en télédétection. Étant donné la surface minime de l’étendue des mangroves sur certaines îles, la méthode retenue pour le projet fut la photo-interprétation des images satellites. Cette analyse spatiale due être complétée par un travail minutieux de terrain dont nous vous comptons les détails dans cet article.

Vérification de terrain

Durant trois semaines, Florent, accompagné de la FAPE, s’est rendu dans les 6 îles citées plus haut pour effectuer ses vérifications terrain. La méthodologie est simple : sur la base de la photo-interprétation réalisée en amont de la mission terrain, Florent se rend sur chaque point GPS identifié pour vérifier s’il y a bien présence ou non de palétuvier.

A l'occasion de réunions publiques, la population a pu être informée des effets dus à l'introduction de la mangrove sur leur île mais aussi donner son opinion sur cette formation végétale. D’une commune à l’autre, ou même d’un voisin à l’autre, les avis divergent : certains considèrent la mangrove comme nuisible (obstruction du passage du vent ou de la vue) quand d’autres s’en servent comme garde-manger (pêche au crabe vert).

Ces réunions ont également servi à recruter des volontaires pour la surveillance des mangroves et de la biodiversité du littoral.

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Devenez
observateur !

L'appli ROM vous permet de signaler des perturbations en mangroves dans tous les outre-mer français, y compris en Polynésie française où la mangrove est introduite (fiche spécifique).

Gestionnaires, opérateurs, étudiants, habitants passionnés de mangrove, rejoignez la communauté ROM ! Cette application vous permettra de :

  • Vous entraîner à reconnaitre les différentes espèces de palétuviers de votre territoire

  • Signaler les perturbations ou observations d’espèces de faune (photo ou vidéo à l’appui) et de devenir ainsi pleinement acteur de la protection et gestion des mangroves en lien avec tous les acteurs des outre-mer.

 

Nous comptons sur vous !

​Si vous ne disposez pas de smartphone, vous pouvez télécharger et compléter la fiche terrain et nous la renvoyer par mail ou par courrier (informations disponibles sur la fiche). Pour vous aider à mieux reconnaître la faune et la flore de cette zone si particulière, téléchargez également la fiche d'identification des espèces les plus communes du littoral.​

Résultats

 

Contre toute attente c'est à Huahine, suivie de Tahaa et Raiatea, qu'on trouve la plus grande surface de mangroves, et non à Moorea où elle a été introduite dans les années 1930.

Deux conférences ont été organisées par la FAPE à la Maison de la Culture ainsi qu'au CRIOBE pour restituer ces éléments à l'ensemble de la population. Retrouvez ci-dessous les documents présentés :
 

Qu'en est-il finalement ?

Selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), une espèce est considérée comme envahissante si elle rempli trois critères :​​

  • l’espèce a été introduite par l’Homme (volontairement ou fortuitement)

  • son aire de répartition s’étend rapidement

  • son implantation et sa propagation ont des conséquences écologiques ou économiques ou sanitaires négatives (UICN 2000, McNeely et al. 2001, McNeely 2001)

Pour ce dernier point, rien n’est encore prouvé en Polynésie française. Il faut mener des études complémentaires. Toutefois, un arrêté datant de 1982 prescrit des mesures de protection contre le développement des palétuviers.

Les recommandations de la FAPE

À la suite de cette étude et de ces missions terrain, les recommandations émises sont les suivantes : 

  • appliquer les mesures de protection de l'arrêté nº1269 pris par le Pays en décembre 1982, qui prohibe la plantation et la propagation de palétuviers d'une île à une autre, toujours en vigueur à ce jour

  • ne pas interdire le défrichement de palétuviers lorsque celui-ci a un effet néfaste sur la population avoisinante

  • continuer de mener des études sur l'impact possible des palétuviers sur les espèces littorales indigènes et de surveiller l'évolution des mangroves grâce au réseau d'observateurs.

ASSOCIES DU PROJET

Partenaires : UICN ; AFB ; Université de Nantes ; Plan Climat ; CRIOBE ; Air Tahiti

Intervenants des conférences : Winiki SAGE - FAPE ; Anne CAILLAUD - UICN ; Jean-Yves MEYER - REC ; Rakamaly MADI MOUSSA - CRIOBE, EPHE ; Laëtitia BISARAH - FAPE ; Florent TAUREAU - Université de Nantes

Autres remerciements : Fred JACQ ; Jean-François BUTAUD ; les bénévoles ; les communes ; les guides locaux

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