La poudre de nacre un fertilisant naturel utilisable en agriculture
LA PROBLÉMATIQUE
Une étude réalisée par trois chercheurs travaillant avec les ONG Greenpeace, IATP et GRAIN – publiée dans la revue scientifique Nature en août 2022 - révèle que la production et l'utilisation d'engrais azotés de synthèse représentent 2,4 % des émissions mondiales, ce qui en fait l'un des produits chimiques industriels contribuant le plus au réchauffement climatique. Par ailleurs, seulement la moitié de l'azote épandu dans un champ est absorbé.
Le reste coule dans l'eau et est transformé en oxyde nitreux, un gaz à effet de serre (GES) plus puissant que le CO2. La chaîne d'approvisionnement des engrais azotés de synthèse a été à l'origine d'émissions estimées à 1,25 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2018, soit environ 21,5 % des émissions directes annuelles issues de l'agriculture (5,8 milliards de tonnes).
À titre de comparaison, les émissions mondiales de l'aviation commerciale se sont élevées à environ 900 millions de tonnes de CO2 la même année. Près de 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des engrais azotés de synthèse se produisent pendant la production et le transport, principalement sous forme de CO2 résultant de la combustion de combustibles fossiles pendant la fabrication.
Une comptabilisation complète des émissions des engrais azotés de synthèse montre qu'il s'agit d'une source majeure de pollution climatique qui doit être rapidement et considérablement réduite.
UNE SOLUTION
Plus de 1 500 tonnes de coquilles d’huitres perlières (Pinctada margaritifera) issues des fermes perlières du fenua sont exportées chaque année, principalement vers des pays d’Asie intéressés par leur nacre.
Environ une cinquantaine de tonnes est utilisée par les artisans locaux pour la création de bijoux notamment. Mais une partie de ces coquilles - abimées, piquées, craquelées, trop petites ou qui n’ont tout simplement pas trouvé preneur – est enfouie ou, malheureusement, brûlée. Or, la poudre de nacre – riche en calcium - peut servir pour l'agriculture de fertilisant naturel, notamment en agriculture biologique.
Dans un souci d'économie circulaire et de développement durable, la société Kotuku Fakarava, marque POLYNACRE, produit de la poudre de nacre de granulométries différentes à partir de ces reliquats considérés comme des déchets par les fermes perlicoles. Inférieure à 2 mm et supérieure à 6 mm, celle-ci est idéale en amendement calcique pour améliorer le Ph des sols et les rendre moins acides, donc plus productifs.
Cette production locale ne participe ainsi pas aux émissions de GES responsables du dérèglement climatique.
LES ACTEURS
Un programme d’expérimentation a tout d’abord été lancé chez des cultivateurs mais aussi auprès d’éleveurs. Ce projet a été étayé par le programme européen Projet Régional Océanien des Territoires pour la Gestion durable des Écosystèmes (PROTEGE), avec le soutien de l’ADEME.
Des analyses chimiques ont été réalisées en France métropolitaine à la demande de la Direction de l’agriculture (DAG) et de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL). La Direction des ressources marines (DRM) est elle aussi partenaire du projet depuis son origine dans le cadre de son programme « Econacre ».
Une fois transformés en poudre par la société Kotuku Fakarava (marque Polynacre), les restes inutilisables des coquilles d’huitres sont donc utilisés en « amendements » dans les exploitations agricoles, enrichissant les sols et limitant leur acidification. Ce produit peut aussi servir de complément alimentaire dans les élevages de poules ou de vaches laitières.
En agriculture, l’une des principales préoccupations est la disponibilité des nutriments (azote, phosphore, potasse) nécessaires à la croissance des plantes.
Un sol trop acide les empêchera de se nourrir correctement.
Même avec beaucoup d’engrais… Pour redresser cette acidité, il faut procéder à un amendement calcique.
La poudre de nacre, produit local riche en calcium y contribue.
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