Une expérimentation originale et prometteuse : du papier 100% local réalisé à base de végétaux du fenua
LA PROBLÉMATIQUE
Le papier est issu du bois, une matière naturelle que l’on peut qualifier d’écologique, à condition que les arbres qui le produisent proviennent d’une gestion forestière durable. Notamment afin de préserver la qualité des écosystèmes et les puits de carbone que représentent les forêts. Le papier recyclé, quant à lui, permet une économie de ressources qui apparaît essentielle aujourd’hui.
Les choses ne sont cependant pas aussi simples qu’il y paraît.
Une étude parue dans Nature Sustainability a[CJ1] montré que les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 10 % d’ici 2050 si tout le papier était dorénavant recyclé ! Et, dans les deux cas, nos îles sont éloignées des régions forestières productrices de bois à usage papetier et des usines qui fabriquent le papier, même recyclé. Il est donc impératif de rappeler tout le potentiel éco-responsable de ce support quand il est fabriqué localement.
Et cela est possible avec des matières végétales autres que le bouleau, le chêne et l'érable ou le pin… issus de grandes exploitations forestières. À Tahiti, professeurs et élèves d’un établissement de formation artisanale et artistique se sont engagés dans une expérimentation audacieuse : la création de papier à partir de matières premières locales, en l'occurrence et pour le moment, de troncs de bananier.
UNE SOLUTION
Le procédé utilisé par le Centre des Métiers d’Art (CMA) de Polynésie française est relativement simple et rapide pour libérer la cellulose des troncs de ces plantes qui, paradoxalement et contrairement aux apparences, ne sont pas des arbres mais des herbacées. Des morceaux de troncs de bananiers sont finement découpés avant d'être mis dans une "pile hollandaise" : une machine artisanale inventée à la fin du XVIIème siècle, initialement pour transformer les chiffons en pâte. Tamisées sur un cadre, les fibres sont ensuite mises à sécher.
Le procédé est encore expérimental et il n’est pas question d’utiliser ce type de papier pour des produits de grande consommation. Mais le résultat est encourageant. Son côté authentique et original en fait le papier écologique idéal pour des projets très variés : marketing direct pour des marques « bio », luxe, communication RSE, menus, voire étiquettes, invitations, brochures, cartes de vœux, dossiers de presse… C’est un support parfait pour de la « com » orientée nature ou bien-être ou encore pour jouer sur le côté rustique et artisanal de cette matière.
Les possibilités créatives sont infinies avec ce produit dont l’aspect est tendance tout en étant intemporel.
LES ACTEURS
Le Centre des Métiers d'Art de la Polynésie française est un espace ouvert sur l'art traditionnel pour préserver les spécificités artistiques inhérentes à la tradition et au patrimoine polynésien et océanien. Il se doit aussi d’œuvrer à la continuité des arts polynésiens sous des formes nouvelles en incitant les élèves à la conquête d'une expression personnelle par l'acquisition des techniques actuelles et du langage plastique.
Sa démarche est de proposer à ses étudiants via ses professeurs de repenser leur rapport au monde en encourageant des initiatives créatives, contextualisées dans d’un environnement culturel et naturel répondant à des besoins économiques.
Cette nouvelle activité permettant aux étudiants du CMA de fabriquer un papier de haute qualité respecte les principes de l’économie circulaire. Pour le moment, c’est dans le but de réaliser des supports d’œuvres artistiques mais c’est aussi est une façon d’indiquer une piste pour réaliser des produits qui ne contribuent pas non plus à l’effet de serre.
Professeurs et élèves du Centre des métiers d’art de Polynésie française (CMA) font une expérimentation audacieuse : la création de papier à partir de matières premières locales, en l'occurrence et pour le moment, des troncs de bananier. Ce qui leur évite de devenir des résidus inutiles. Son côté authentique et original en fait le papier écologique idéal pour des projets très variés.
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