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RECOMMANDATIONS POUR LA GRANDE AIRE MARINE GEREE

Depuis plusieurs années, la FAPE se mobilise pour renforcer la protection de l’océan en Polynésie française et pour que la communauté polynésienne soit partie prenante dans la gestion et les décisions de l’Aire Marine Gérée (AMG).

En tant que membre du comité consultatif de l’AMG, la FAPE apporte régulièrement ses recommandations pour que l’AMG et son plan de gestion intègrent des mesures concrètes de protection de la ZEE et répondent aux attentes de la société civile.

 

Ces recommandations sont élaborées sur la base des meilleurs connaissances scientifiques disponibles et sur les nombreux travaux de consultation menés depuis plusieurs années auprès de la population polynésienne, des communes de Polynésie française et des associations de protection de l'environnement.

Protection des espaces maritimes

Un zonage de compromis est proposé par la FAPE sur la base des projets de grandes Aires Marines Protégés portés jusqu’à aujourd’hui par les communes et les pêcheurs des Australes et des Marquises. Le zonage correspondant couvrirait près de 30% de la ZEE en protection sans activités industrielles, dont 1/3 sans activités extractives. Il permettrait d’assurer la préservation et l’accès aux ressources pour les polynésiens, tout en renforçant les mesures de gestion sur les 70% restants de la ZEE pour garantir le développement durable de la pêche hauturière locale (la pêche hauturière n’exploite que 40% de la ZEE à ce jour).

 

Cette proposition offrirait un consensus acceptable pour les différents acteurs et usagers des ressources marines, pêcheurs industriels, pêcheurs côtiers, élus, population des îles, associations, scientifiques.

Protection des espèces maritimes

La FAPE recommande de faire appliquer strictement les mesures de protection des espèces protégées dans le code de l’environnement. La protection de la mégafaune marine, baleines, dauphins, requins, tortues, pourraient être renforcée, notamment par des dispositifs d’atténuation des nuisances sonores ou des dispositifs anticollisions, et en consolidant le réseau d’aires marines protégées sur 30% de la ZEE concourant à leur protection.

En matière de pêche durable

 

La FAPE propose également de créer des rahui  lagonaires ou des zones de pêche réglementées dans toutes les communes de Polynésie française ; de favoriser en priorité le soutien au développement de la pêche artisanale côtière pour l’autoconsommation et la sécurité alimentaire de la population ; d’interdire le transbordement des navires de pêche étrangers de toutes espèces capturées confondues (thons, requins…) dans la ZEE, y compris dans la zone sous-douane du port de Papeete, qui participe à la surpêche internationale ; et de sanctionner fermement les pratiques illégales et les infractions commises par les navires étrangers ou polynésiens.

ETAT DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES

Les stocks mondiaux de poissons en déclin

 

Près de 93% des stocks de poissons sont pleinement exploités, surexploités ou épuisés au niveau mondial. La persistance du problème de la surexploitation des stocks soulève de vives inquiétudes (FAO 2018). Les captures des principales espèces de thons ne cessent d’augmenter tandis que les stocks diminuent. La rentabilité économique de la pêche au thon germon est remise en question dans les petites pêcheries insulaires de l’Ouest. Le stock de thon obèse reste incertain et présente des risques du surexploitation (WCPFC 2020) ; l’espèce est considérée comme menacée sur la liste rouge de l’UICN.

Les recommandations actuelles des organisations régionales de gestion des pêches sont de ne pas augmenter, voire de réduire les captures de ces espèces dans le Pacifique (WCPFC 2020, IATTC 2020). La pêcherie polynésienne n’est, elle, pas soumise à des quotas.

© Gilles Siu

De nombreuses données sur les ressources polynésiennes

 

De nombreuses études scientifiques sur la biodiversité marine et les ressources pélagiques de Polynésie française et ses archipels ont été réalisées ces dernières années. Le thon germon est l'espèce la plus capturée à la palangre dérivante entre 20°S et 10°S autour de Tahiti et dans la zone nord et ouest Tuamotu. Le thon à nageoires jaunes et le thon obèse sont présents sur l’ensemble de la ZEE (Rogers De Villers 2015).

Les Marquises concentrent une richesse trophique exceptionnelle et une abondance en espèces pélagiques comme les thons. Elles sont comprises dans la zone de reproduction du thon obèse et de l’espadon xyphias gladius (Taquet et al. in Biodiversité terrestre et marine des îles Marquises 2016, Galzin et al. 2016 ; Analyse éco-régionale Marquises 2016). Les Australes présentent une population de pélagiques encore préservée et une abondance en espadons, marlins et saumons des dieux (Salvat et al. 2015). Plus de 500 monts sous-marins ont été répertoriés en Polynésie française, autour desquels les écosystèmes sont particulièrement riches en espèces et concentration en thons et requins notamment (Jean-Marius et al. 2020).

© Joachin Fregoni

La pêche hauturière et côtière polynésienne en baisse

 

Dans le Pacifique, 70% des captures sont des bonites par les navires senneurs ; 82% des thons jaunes et 98% des thons obèses sont pêchés par les palangriers, dans des conditions économiques défavorables (volumes et rendements en baisse, prix de commercialisation en hausse) (WCPFC 2020). La politique sectorielle de la pêche hauturière de Polynésie française 2018-2022 avait pour objectif de doubler la production d’ici 10 ans, à travers notamment l'extension de la flotte et l’optimisation du soutien à la filière. Une série d’aides publiques est accordée à la pêche hauturière en Polynésie française, pour soutenir le rendement et augmenter l’exportation du poisson frais et congelé (aide à la glace, gasoil, fret aérien, charges sociales, subventions port de pêche, défiscalisation pour la construction de navires). Le secteur a bénéficié d’aides publiques à hauteur de 615 millions XPF/an entre 2014 et 2016 (F&S 2017). La Polynésie française est certifiée Pêche durable MSC depuis 2018 pour le thon germon et le thon jaune.

 

La flottille de pêche hauturière polynésienne était composée de 72 palangriers en 2020, exploitant les espèces du large, essentiellement en frais (97%) ou en congelé. Depuis 2017, la flotte a amorcé un renouvellement avec 11 palangriers supplémentaires en trois ans. La production a connu une baisse de 14% en 2020 avec 5 700 tonnes et une baisse des rendements de 16%. Cette baisse s’explique principalement par le recul des volumes de capture des principales espèces de thon (germon, à nageoires jaunes, obèse) et de marlin bleu (ISPF 2021). La pêche hauturière est pratiquée sur des thoniers palangriers de plus de 12 m et de capacité >50 kg, considérée comme de la pêche industrielle incompatible avec les aires protégées selon la définition internationale (UICN 2020). La flottille exploite historiquement 40% de la ZEE, essentiellement dans une zone de 200 miles autour de Tahiti vers les Tuamotu Ouest et Nord (DRM 2020).

 

La pêche côtière professionnelle comptait 324 navires actifs en 2020, pour une production de 2 169 tonnes. Depuis 2014, la flottille côtière n’a pas cessé de diminuer tandis que la production a baissé de 20% depuis 2016 (ISPF 2021). La pêche côtière est pratiquée de manière artisanale sur des poti marara et des bonitiers de moins de 13 m, compatibles avec les aires protégées catégorie VI de l’UICN (UICN 2012 ; UICN 2018).

POUR ALLER PLUS LOIN

Les recommandations de nos associations membres pour la protection des lagons

Lors de la consultation réalisée auprès des associations membres de la FAPE - Te Ora Naho, des recommandations ont émergé concernant la protection des lagons. A noter que l’AMG concerne l’espace maritime au-delà de la mer territoriale, c’est-à-dire de 12 miles marins autour des côtes jusqu’à la limite de la ZEE à 200 miles marins.

 

  • Accompagner davantage les établissements scolaires proches des littoraux pour la création et la mise en œuvre d'Aires Marines Educatives

  • Mieux réglementer les travaux qui défigurent les littoraux

  • Mettre en place des mesures pour empêcher le déversement des déchets présents dans les ruisseaux et les lits des rivières vers le lagon et l'océan, entraînés par les pluies (Ex : des grilles inclinées ou des filets)

  • Concernant l’activité d’observation des mammifères marins, adopter des mesures réglementaires visant à améliorer et pérenniser la communication entre toutes les parties prenantes (autorités, opérateurs touristiques, associations, chercheurs, populations locales, etc.)

  • Adapter ces mesures aux différents contextes locaux afin d'être plus facilement admises et assimilées par les acteurs impliqués

  • Mettre en place des mesures concrètes visant à faire respecter au mieux les réglementations d’approche des mammifères marins, limiter la pression sur les animaux, les conflits entre les usagers, et faciliter la sensibilisation et la diffusion des bonnes pratiques d’approche

  • Mettre en place une formation obligatoire aux réglementations existantes et aux valeurs qui caractérisent un tourisme éthique à destination des moniteurs de plongée et guides touristiques

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