Célébration du Rahui et cérémonie des lauréats de la 7ème édition de l’Appel à projets Rāhui
Dans la culture polynésienne, le 21 juin est un moment important dans la culture polynésienne, annonçant une période de restriction et de mise en place des rāhui, le rua poto, précédée par les pléiades matari’i raro au mois de mai.
Ce vendredi 21 juin 2024, une cérémonie a été organisée pour célébrer la culture polynésienne du rahui et annoncer les nouveaux lauréats de l’Appel à projets Rahui de Pew Bertarelli Ocean Legacy, en partenariat avec la FAPE et le ministère de l’agriculture, des ressources marines et de l’environnement en charge de l’alimentation, de la recherche et de la cause animale. Ce moment de partage a réuni une soixantaine d’acteurs du rahui, services du Pays et de l’Etat, présidents d’associations, de comité de gestion rahui, directeurs d’établissements scolaires, élus communaux, pêcheurs et particuliers passionnés de l’océan ; il a permis de faire échos entre cette pratique ancestrale et les actions menées aujourd’hui pour gérer et protéger nos ressources marines.
Après une introduction du ministre M. Taivini TEAI, les lauréats de cette 7ème édition de l’Appel à projets Rahui ont été révélés au public. Une sélection d’anciens et de nouveaux lauréats a pu présenter leurs actions de protection des ressources marines et de promotion du rāhui menés avec la subvention de 500 000 F qu’ils ont chacun remporté.
L’Appel à Projets Rāhui a permis depuis 2017 de contribuer au financement de 70 projets de protection des ressources marines et à la création d’un réseau d’acteurs du rāhui à travers les cinq archipels de la Polynésie française.
Cette année encore, une trentaine de candidatures ont été proposées en provenance des cinq archipels, démontrant pour la 7ème année consécutive l’engouement continu pour la protection marine en Polynésie française et la forte implication des acteurs locaux.
Voici les 10 lauréats sélectionnés pour cette année 2024 :
· Association Pahiva no Reao, Reao, Tuamotu : Actions et études de suivi pour le repeuplement en bénitiers de collectage des Zones de Pêche Règlementées sur l'atoll de Reao
· Association Vaiaau Ta’u Moana Ta’u Patere Ma’a, Tumaraa, Raiatea : Aide à la gestion de la ZPR/rahui de Tumaraa et suivi des captures avec les pêcheurs des communes associées de Vaiaau et Fetuna pour mesurer l'évolution des ressources halieutiques
· Association Toa'Hine Spearfishing, Moorea : Sensibilisation des jeunes de quartiers prioritaires à la pratique de la pêche durable et aux conditions de sécurité optimales
· Société d’ornithologie de Polynésie française – SOP Manu, Gambier : Évaluation des principales zones d'alimentation le pétrel de Murphy et identification des aires marines à protéger
· Association Rahui Nui No Tuhaa Pae, Australes : Promotion du projet grande aire marine protégée des Australes, le Rahui Nui no Tuhaa Pae, et information et sensibilisation à la protection du patrimoine naturel et culturel du large.
· École élémentaire de Saint-Joseph, Nuku Hiva, Marquises : Création d'une Aire Marine Éducative à Hapaoa Hananai pour la protection des espèces endémiques et du garde-manger pour la population
· École élémentaire de Pamata’i, Faa’a, Tahiti : Participation avec les élèves de l’AME au processus de création d'un rāhui dans le lagon de Faa’a en collaboration avec le comité rāhui de la commune, les représentants des pêcheurs et les associations.
· Collège de Papara, Tahiti : Création d'un photoreportage scientifique, artistique et culturel sur les aires marines éducatives
· École primaire de Tapuamu, Taha’a : Protection du jardin de corail du motu Tautau, gestion de l’Aire Marine Éducative et participation à la création d’un rahui avec la commune et les pêcheurs.
· Poema Du Prel, Moorea : Sensibilisation à la navigation sans instrument en pirogue à voile traditionnelle et à l’observation des écosystèmes lagonnaires de Moorea
C’est avec grand plaisir que nous constatons cette année le nombre important de candidatures reçues d’établissements scolaires, pour des projets d’aires marines éducatives (AME) et de sensibilisation de la nouvelle génération à la protection et la gestion des espaces marins. Cela montre l’importance et l’intérêt des jeunes à la préservation de notre patrimoine naturel marin. Le choix pour le comité de sélection a été particulièrement difficile. Ont été sélectionnés notamment le collège de Papara pour son projet artistique autour de l’AME de Papara par la photographie et l’anthropologie : « Si nous n’accrochons pas l’élève par le biais scientifique, peut-être trouvera-t-il plus de sens via le projet artistique ? » (Heirani Mooroa, professeur documentaliste du Collège de Papara). L’école élémentaire de Saint-Joseph de Taiohae propose la création d’une AME sur le site de Hananai à Nuku Hiva afin d’enseigner aux élèves à la préservation des espèces endémiques et du garde-manger qu’abrite la zone. C’est également le cas des écoles de Tapuamu à Taha’a et de Pamata’i à Faa’a, qui souhaitent intégrer les élèves au processus de création d’un rahui avec les pêcheurs et les élus de leur commune, pour faire vivre leur AME.
Plusieurs des projets retenus s’inscrivent dans le cadre du développement de l’économie bleue, comme l’association Pahiva no Reao qui valorise l’espèce emblématique du bénitier par l’aquaculture, dans le but d’améliorer le potentiel de collectage du milieu naturel. L’association Vaiaau Ta’u Moana Ta’u Patere Ma’a, sera soutenue pour la mise en place de cinq Zones de Pêche Règlementées (ZPR) dans le lagon de Tumara’a à Raiatea et mener un suivi des captures avec les pêcheurs. Aux Gambier, l’association SOP Manu prévoit d’évaluer les zones d’alimentation du pétrel de Murphy par balisage GPS afin de renforcer les connaissances scientifiques sur l’espèce, d’en comprendre les interactions avec les pêcheurs et d’identifier les aires marines à protéger.
Enfin un soutien sera apporté pour renforcer l’implication des communautés locales, notamment les jeunes, en faveur de la préservation des écosystèmes marins. C’est l’objectif de Poema Du Prel qui propose un programme de sensibilisation à la navigation sans instrument en pirogue à voile traditionnelle et à l’observation des écosystèmes lagonnaires de Moorea, ainsi que l’association Toa’Hine Spearfishing, soutenu pour son projet de sensibilisation des jeunes pêcheurs des quartiers prioritaires aux techniques de pêche durable. A plus grande échelle, l’association Rahui Nui no Tuhaa Pae qui apporte son soutien aux maires et à la population des Australes pour la création d’une grande Aire Marine Protégée au large de l’archipel, ira à la rencontre de la population et des pêcheurs locaux pour faciliter la consultation publique qui sera menée prochainement avec le Pays et les maires autour de ce projet d’envergure.
En janvier 2024, le projet Pew Bertarelli Ocean Legacy et le ministère de l’agriculture et des ressources marines, de l’environnement en charge de l’alimentation et de la recherche ont signé un partenariat de quatre ans pour unir leurs efforts et coopérer afin de mieux répondre aux besoins de gestion et de protection de l’environnement marin de la Polynésie française. Le gouvernement de la Polynésie française soutient l'instauration de rāhui pour assurer le repeuplement de nos lagons et la pérennité de nos ressources. Le ministère de l’agriculture des ressources marines et de l’environnement a donc souhaité s’associer et cofinancer la 7ème édition l’Appel à projets Rahui du projet Pew Bertarelli Ocean Legacy et la FAPE Te Ora Naho.
Si le Rahui est à l’origine une pratique traditionnelle, il redevient depuis quelques années un enjeu de taille, apportant un nouveau regard sur l’appropriation du milieu marin et l’usage de ses ressources, tout en intégrant les pratiques culturelles locales. L’appel à projets Rahui a pour objectif d’apporter un soutien technique et financier aux gestionnaires pour soutenir la création et la gestion de rāhui, des activités scientifiques, pédagogiques, d’éducation, de communication pour la protection des espaces, des espèces et des ressources marines, mais également des alternatives économiques pour compenser la création de rāhui dans une zone, des actions de formation des comités de gestion de rahui et la création d’outil pour renforcer la surveillance des rāhui.
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