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Les nouveaux coquillages des Tuamotu

Dernière mise à jour : 22 mai 2023


Plages des tuamotu transformées du coté "tua"

Fakarava 2009: nous marchions sur les plages immaculées et encore sauvages du côté récif exposé au large.

Fakarava 2018: les mêmes plages sont méconnaissables : morceaux de plastique minuscules, bouchons, bouts de filets jalonnent le rivage en un trait continu à l'empreinte de la vague...Consternation !

Les bouchons en plastique (surtout les bleus) et les microplastiques sont devenus les nouveaux coquillages de l'île.

Mais que s'est il passé en 9 ans ?

Fakarava a été classée "Réserve de biosphère" entre temps !

Accroissement de population? Incivisme soudain? Absence d'une politique ambitieuse de collecte, de tri et de traitement des déchets sur la commune ?...... Le phénomène est- il spécifique à cette île ou s'est il généralisé sur l'ensemble des Tuamotu ? Ces détritus régulièrement déposés par la houle sont-ils originaires de l'île ou des îles voisines ? Il semble que non en majorité, mais oui, en partie, donc faisons notre part.

Proviennent ils des bateaux qui croisent au large, voire de pays limitrophes lointains, voire du continent plastique artificiellement constitué au milieu du Pacifique... et dont certains éléments commenceraient à rejoindre nos côtes avec l'aide des courants ? Il semble que oui.

...Et c'est le plus inquiétant, car les campagnes régulières de sensibilisation,de nettoyage et de ramassage entreprises ici et là, avec toute les bonnes volontés communales et associatives, telle la remontée du rocher de Sisyphe, ne s'arrêteront jamais...Devons-nous nous apprêter à accueillir toute la dechetterie du monde (du Pacifique tout au moins) ou y-a-t-il des solutions préventives que nous pourrions actionner avec ceux qui fréquentent nos eaux ou à l'international ?

Récit de voyage

Isabel ROMERO et Michael WARWICK sont un couple d'australiens, engagés dans l'écologie, qui parcourent l'océan Pacifique à la voile depuis l'année 2016.

L'une de leurs passions est de donner une nouvelle vie aux déchets non dégradables en les transformant en objets utililitaires, bijoux...etc.

Voici le récit d'Isabel:

"Nous avons passé trois mois et demi dans les îles Tuamotu. Nous avons visité Tikehau, Tahanae, Fakarava et Toau.

Partout où nous sommes allés, nous avons trouvé de la pollution plastique, non seulement sur le côté récif des atolls mais à l'intérieur des lagons où les vents dominants poussent les débris de plastique vers la plage de sable.

Nous avons, en général, trouvé plus de pollution côté récif sur les côtes situés à l'est des atolls et coté plage intérieure du lagon sur les côtes situées à l'ouest des atolls. Ceci est dû aux vents et courants qui circulent constamment d'est en ouest.

Même à Tahanea, qui est un atoll inhabité, nous avons trouvé énormément de débris marins et dans cet atoll, nous avons aussi trouvé beaucoup de microplastiques.

Selon nos observations, nous pensons que la pollution plastique qui apparait dans les atolls des Tuamotu serait causée par les 3 facteurs suivants:

1. Faible niveau de gestion des déchets dans l'atoll

Nous avons trouvé un exemple de cela à Fakarava où nous avons vu que l'un de leurs sites de "déversement" d'ordures était placé tout près de la plage côté récif à l'air libre, de sorte que le vent et la mer peuvent facilement atteindre les déchets et les envoyer directement dans l'océan.

2. Déplacement de plastique et de debris par les courants et les vents depuis des lieux distants, des bateaux de pêche ou des atolls situés à proximité.

Pour vous donner des exemples : nous avons trouvé un briquet en plastique du Pérou, des conteneurs en plastique avec le nom du bateau de pêche propriétaire inscrit dessus, des bouchons en plastique de l'Equateur et d'Asie, un étui à cigarette d'Australie...

3. Sources locales:

Bouées en provenance des fermes perlières et déchets des personnes qui habitent l'atoll. Quelquefois, le fait de bruler les déchets est un gros problème car tout ne ne consume pas de la même manière. Nous avons trouvé que certains plastiques étaient très résistants au feu, à l'instar des bouchons de bouteille faits d'un plastique plus dur.

Les choses les plus fréquemment trouvées sont aussi bien des objets de tous les jours, comme des bouteilles en plastique d'eau ou de soda, des chaussures, des jouets, des brosses à dents, des couverts en plastique, des déodorants... que des objets provenant de l'industrie de la pêche tels que bouées et filets ou provenant de pratiques de pêche locale comme les filets en plastique rigide utilisés pour construire les parcs à poissons ou provenant des fermes perlières.

Quelquefois, nous avons trouvé des choses plus saugrenues comme des télévisions, des machines à laver , des bouteilles de gaz réfrigérants...dingue!

Le constat que ce problème n'existait pas aux Tuamotu il y a 10 ans, est totalement vrai mais il est vrai pour l'ensemble du monde. Nous n'avons pas parcouru le monde entier mais avec notre voilier, nous avons navigué à travers les Caraibes, le Panama, l'Equateur, les Galapagos et maintenant ici en Polynésie française et il n'y a pas un seul endroit où nous n'ayions pas trouvé de polution par le plastique. Le fléau est si grand que maintenant, il est une évidence partout où nous allons.

En 2016, lorsque nous avons traversé le Pacifique, depuis les Galapagos jusqu'au Marquises, nous avons travaillé avec une ONG nommée "Adventure Scientists" et collecté des échantillons d'eau de mer sur notre passage. On ne pouvait rien voir dans l'eau collectée mais une fois les échantillons analysés dans chacune des bouteilles, ils ont trouvé des micro-fibres et des micro-plastiques. Et c'est là que le problème devient plus important car ce que l'on voit sur nos rivages ne représente que 20 pour cent ou moins de ce qu'il y a actuellement dans l'océan ; le reste est sur le plancher de l'océan ou dans l'océan sous forme de micoparticules que nous ne pouvons plus voir et qu'il sera impossible de nettoyer.

Dans les îles de la Société, nous voyons beaucoup de déchets plastiques qui s'échappent dans l'océan chauqe jour en provenance de la terre ou des rivières quand il a plu. Je pense que les personnes qui vivent sur des îles ont parfois une plus grande responsabilité pour observer où elles laissent leurs déchets et pour ne pas polluer, car vous êtes entourés d'eau et il est tellement facile pour nos déchets de terminer dans l'océan.

Une autre chose que nous avons remarqué ici, c'est la forte consommation de bouteilles d'eau en plastique alors que l'eau du robinet est potable.

C'est réconfortant de voir des associations telles que "Nana sac plastique" qui travaille dur pour éduquer la population sur l'importance de réduire la consommation de sac plastique à usage unique car l'éducation et la prise de responsabilité dans nos actions sont la clé pour contribuer à résoudre ce problème. Nos habitudes quotidiennes doivent être changées et chacun, nous avons à faire notre part.

Rappel du circuit d'Isabel et Michael en Polynésie française:

"Nous sommes arrivés aux Marquises en 2016 et avons à Raiatea et Huahine et nous avons passé le mois de Mai autour de Tahiti et Moorea. et après avoir préparé notre bateau nous avons navigué à Bora Bora puis aux îles Tuamotu où nous sommes restés de Décembre à Avril. En avril nous sommes retournésvisité quelques îles là bas puis Huahine et Raiatea où nous avons mis le bateau hors de l'eau pendant une année.

Nous sommes revenus en Octobre de l'année dernière."

Sa conclusion sur ce premier voyage en Polynésie:

"Nous adorons votre pays , votre population et votre culture sont fascinantes. Nous avons trouvé la population très amicale et chaleureuse bien que nous ne parlons pas beaucoup ni le tahitien , ni le français et mmê dans les endroits où les gens ne parlaient pas anglais nous avons pu communiquer et nous faire de nouveaux amis.

Ces iles sont le paradis. Nous n'avions jamais vu autant de beauté et de richesse dans l'eau et hors de l'eau et c'est pourquoi il est tellement prioritaire de les protéger et de les préserver!

Nous pensons réelement que la pollution par le plastique est un problème qui devrait être pris en compte plus sérieusement."

La FAPE remercie Isabel pour son analyse constructive de la situation.Un oeil extérieur, observateur et avisé, fait toujours un bien fou.

Elle tient un blog de leur périple sur le site "Free in the sea" consultable en ciquant ici:

https://freeinthesea2014.com/

Le récit d'Isabel Romero en anglais (pour nos amis anglophones):

We spent 3 and a half months in the Tuamotu islands. We visited Tikehau, Tahanae, Fakarava and Toau.

Everywhere we went, we found plastic pollution, not only on the reef side of the atolls but on the inside of the lagoons where the prevailing winds would push plastic debris onto the sand.

Usually we would found more pollution on the eastern reef shores of the atolls and inside, on the western shores of the lagoons. This is due to the wind and currents that are constantly moving from east to west.

Even in Tahanea which is an uninhabited atoll we found lots of marine debris and in this atoll we also found a lot of microplastics.

From our observations, we think plastic pollution that appears in the atolls is caused mainly by these 3 factors:

1. Poor waste management in the same atoll

We found an example of this in Fakarava, where we saw that one of their "dumping sites" was placed right next to the beach on the reef side in open air, so wind, water, could easily reach the rubbish and send it straight to the ocean.

2. Plastic and debris moved around by currents and wind from distant places, fishing boats or nearby atolls.

We found a plastic lighter from Peru, plastic containers with the name of the fishing boat where it belong to, plastic bottle lids from Ecuador and Asia a cigarette container from Australia to give some examples.

3. From local sources: buoys from Pearl Farms and rubbish from the same people that inhabit the atoll. Sometimes the burning of rubbish is a big problem because not everything burns the same way. We have found that some plastics are very resistant to fire, for example bottle lids are very hard to burn because they are made from harder plastics.

Some of the things we found the most were every day items like plastic water bottles and soft drinks, shoes, children's toys, toothbrushes, plastic bags, plastic cutlery, deodorants etc, as well as things from the fishing industry like floats and rope , from local fishing practices (like the plastic netting to construct fish farms) and from the pearl farms. Sometimes we found crazy things like tvs, washing machines, used gas bottles from refrigerant gases.

What you mentioned before, that this problem wasn't there 10 years ago in the Tuamotus, it's definitely true but this is not only in the Tuamotu islands but all over the world. We haven't been everywhere in the world but with our sailboat we've travelled throughout the Caribbean, Panama, Ecuador, the Galapagos and now here in French Polynesia, and there isn't one place, where we haven't found plastic pollution. The problem is so big that now there is evidence of it everywhere we go.

In 2016, when we crossed the Pacific from Galapagos to Marquesas we worked with an NGO called Adventure Scientists and collected water samples from our passage. When we collected the water you couldn't see anything in it, but once the samples where analysed, in each and every one of the bottles, they found micro fibbers and micro plastics. And this is when the problem gets even bigger because what we see on our shores it's only 20 percent or less of what is actually in the ocean, the rest is on the ocean floor or as micro particles that we can't no longer see and it will be impossible to clean.

In the Society Islands we see a lot of plastic rubbish escaping into the ocean every day, coming from land or from the rivers when it has rained. I think people that live on islands have sometimes a bigger responsibility to watch where they leave their rubbish and not to litter because you're surrounded by water and it's so easy for our rubbish to end up in the ocean. Another thing we have noticed here is the high consumption of plastic water bottles although the water from the tap is safe to drink. It's great to see NGOs like Nana Sac Plastic working hard to educate the community on the importance of reducing our consumption of single use plastics because education and taking responsibility of our actions are the key to helping solve this problem. Every day habits need to change and we all need to do our part.

Our Tour in FP:

We arrived to Marquesas in 2016 and visited a few islands there, then Huahine and Raiatea where we left our boat for a year outside of the water.

We came back last October and after gettting our boat ready, we sailed to Bora Bora and then to Tuamotu islands and stayed there from December to April. April we sailed back to Raiatea and Huahine and we have spent May until now around Tahiti and Moorea.

We love it here in FP, your people and culture are fascinating. We find that people are really friendly and warm and although we don't speak much Tahitian or French even in places were people didn't speak any English we were able to communicate and make new friends. These islands are paradise. We have never seen such beauty and richness outside and inside the water and that's why is such a priority to protect them and preserve them. We truly believe that plastic pollution is a problem that needs to be taken more seriously.

Many thanks to Isabel Romero and Michael Warwick for their analysis about plastic pollution in Tuamotus. Their blog can be consulted at:

https://freeinthesea2014.com/

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